Au sein de notre association, nous pratiquons le style de Kung Fu CHOY LAY FUT.
Les origines du styles : (d’après Georges Charles)
La formation de CHAN HEUNG
Le style fut créé en 1836. Cela en fait un style récent et jeune dans l’histoire des styles chinois. CHAN HEUNG fut le créateur du style, connu aussi sous le nom de DIN YING, il est né dans la province de Kwangtung dans le district de SAN WUI, village de GUNG MUI. Il apprit à 7 ans sous la direction de son oncle YUEN WOO, ancien moine du Temple de Shaolin du FUKKIEN.
Lorsque CHAN HUENG eut 17 ans, son oncle l’envoya étudier auprès de LI YAU SAN, un autre ancien moine, mais de la génération au dessus de lui. Il travailla avec lui pendant 10 années. Finalement ce deuxième maître lui conseilla d’aller voir un autre moine de Shaolin, CHOY FOK qui vivait reclus sur une montagne où il s’était entièrement consacré à la spiritualité. Il semble probable qu’il s’agissait d’un moine de Shaolin du Nord et un des 5 rescapés légendaires de l’incendie de Shaolin.
L’apparentement de ce moine avec le Shaolin du Henan expliquerait la synthèse du CHOY LI FUT. CHOY FOK, à cause de sa démarche spirituelle, ne voulait plus enseigner. CHAN HEUNG eut beaucoup de mal à se faire accepter, malgré ses lettres de recommandations. Il fut enfin toléré pour participer aux prières. Aussi CHAN HEUNG priait avec CHOY FOK le jour et s’entraînait en secret la nuit. Un matin tôt, alors que CHAN HEUNG travaillait son kung fu, le vieux moine apparut et regarda. Il lui demanda si finalement, c’était le mieux qu’il puisse faire.
Il lui demanda, pour prouver sa valeur, s’il pouvait envoyer d’un coup de pied un rocher de 40 kg à 4 mètres de là. CHAN HEUNG, un peu choqué par une telle demande rassembla ses forces et donna un formidable coup de pied dans le rocher. Son pied s’écrasa avec douleur contre le caillou, mais l’envoya bien à 4 mètres de là. CHOY FOK plaça en silence son pied sous le lourd rocher et le propulsa sans effort dans les airs. À partir de ce jour débuta l’apprentissage de CHAN HEUNG. Le vieux moine accepta d’enseigner à son disciple la voie du bouddhisme associée à la voie de l’art martial.
Ceci explique le côté très religieux du style. Après 8 années d’étude avec son dernier maître, CHAN HEUNG retourna dans son village et travailla encore pendant 2 années, seul, pour perfectionner son style.
Les bases du Choy Li Fut
En 1836 CHAN HEUNG décida de créer son propre style et en jeta les bases. Il l’appela CHOY LI FUT, CHOY en l’honneur de son maître CHOY FOK, LI en l’honneur de son maître LI YAU SAN, FUT qui désigne le BOUDDAH en Chinois. CHAN HEUNG eut la chance de bénéficier d’enseignements complets et complémentaires. Son oncle, CHAN YUEN WOO lu, avait enseigné le FUT GAR, LI YAU SAN la médecine chinoise et CHOY FOK le bouddhisme et le style HUNG GAR. (Il est cependant paradoxal pour un moine de Shaolin du Nord d’enseigner le style HUNG GAR. C’est la seule incohérence de l’histoire de ce style, peut être parce que le HUNG GAR a des racines plus marquées qu’on ne le pense, à moins que ce soit une volonté de rattacher le CHOY LI FUT à la grande tradition de Shaolin).
La vie de CHAN HEUNG
CHAN HEUNG rejoignit l’armée pour lutter contre les Britanniques et ne retrouva sa famille qu’en 1842, après la défaite de la Chine. Il soutint alors les rebelles des différentes Triades qui luttaient en secret contre les CHING. Cependant son côté Bouddhiste lui interdisait toute forme de violence. Quand le gouvernement impérial recruta de force des hommes pour lutter contre les Triades, il s’enfuit de son village avec sa femme et ses 2 enfants pour aller s’installer dans le sud. Pour vivre et pour lutter contre les forces Mandchous, il fut obligé de créer une école de CHOY LI FUT. Il donna à ses partisans un signal secret, un pratiquant de CHOY LI FUT devait crier YAK en frappant avec le poing, WAK en frappant avec les griffes du tigre et DIK en donnant des coups de pieds. En 1864, le royaume de la Triade s’effondra et CHAN HEUNG quitta la Chine pour les États-Unis, où, à 59 ans il devint le professeur de la famille CHAN outre mer. Après 4 années d’exil, il revint dans son village, où il découvrit que son Kung Fu était devenu populaire, de même que dans tout le sud de la Chine. CHAN HEUNG mourut en 1875 à 69 ans.
Le développement
Après la mort de CHAN HEUNG, ce sont à ses deux fils, CHAN ON-PAK et CHAN KOON-PAK, que revint l’enseignement. ON PAK, le plus vieux, avait la nature d’un érudit, sa spécialité était la lance où sa force lui avait valu le surnom de CHUENG NG MUI FA ou « les 5 fleurs de prunier avec la lance ». Deux de ses élèves, CHENG SI LEUNG et CHAN SIU BAK, aidèrent les révolutionnaires de SUN YAT SEN contre la Chine Impériale. KOON PAK, quant à lui, quitta le village de KING MUI pour devenir un marchand à KONG MOON. Cependant, sa réputation d’artiste martial se propagea si fort qu’il dut abandonner son métier pour se consacrer uniquement à l’enseignement. Il établit son école à Canton. CHAN HEUNG a eu 18 disciples originels. En 1848, les premiers de ses disciples commencèrent à enseigner le CHOY LI FUT dans le sud de la Chine. LUN JI-CHOI ouvrit une école dans le KWANGSI, CHAN DIN-YAO et CHAN DIN-FUNE ouvrirent une autre école dans le FUTSAN, CHAN DAI-YUP à KWANG CHOW, CHAN DIN-SING à CHUNG SAN, CHAN MAU-JONG à POON YU, CHAN DIN-BONG à TUNG KONG, CHAN DIN-WAI à HOI PING, CHAN DIN-JEN à TOI SAN, CHAN SUN-DONG à YEN PING, CHAN DIN-DUH à HOK SAN, CHAN YIN-YU à GONG MOON.
En 1867, JEONG YIM reprit l’école de FU SAN et créa le style HUNG SING du CHOY LI FUT. Il était un disciple direct de CHAN HEUNG, qui l’avait introduit auprès du moine CHIN CHO dans la province de GUANGXI. À son retour, CHAN HEUNG et lui codifièrent complètement le style. L’appellation HUNG SING ne désignait pas un style, du temps de JEONG YIM, mais un courant qui regroupait les pratiquants membres des groupes révolutionnaires. La signification de HUNG s’est déformée avec la troisième génération d’élèves de JEONG YIM, ce qui a donné l’apparence de 2 écoles de CHOY LI FUT, celle de JEONG et celle de CHAN KOON-PAK. Des disciples dont l’un LOUIE CHUN a eu à son tour un élève, TAM SAN, qui a ouvert une école à KWANGCHOU dans le district de SIUBAK, ce qui a donné le BAK SING CHOY LI FUT. Un autre disciple indirect de JEONG YIM a créé le PEI SING CHOY LI FUT. Maintenant, depuis 1979, la plupart des écoles de CHOY LI FUT se sont mises d’accord sur un système unique, et les termes de HUNG SING, BAK SING, ne désignent plus que la filiation. JEONG YIM est parfois appelé JEONG HUNG SING ; Une légende raconte que ce serait lui le créateur du style CHOY LI FUT, mais cela ne repose sur aucun support historique.
Le CHOY LI FUT aujourd’hui
De nos jours les écoles de Choy Li Fut se sont regroupées en fédérations internationales. Il en existe deux principales, la Fédération de l’art martial CHOY LEE FUT, établie en Australie et dirigée par maître CHAN YONG FA (disciple de la 5ème génération). Cette Fédération recouvre l’Allemagne, l’Australie, le Brésil, l’Espagne, les États-Unis, la Finlande, l’Irlande, le Liban, la Pologne, la Norvège, le Portugal, le Royaume-Uni, la Roumanie, l’Afrique du Sud, et certains pays d’Europe de l’Est. Il y a aussi la Fédération Internationale de CHOY LI FUT qui recouvre les États-Unis d’où elle est partie, l’Espagne et le Royaume-Uni. Son président est DOC FEI WONG (disciple de la 5ème génération). Chaque école légitime possède son autel des ancêtres avec un petit couplet de CHANG HEUNG qui définit l’art martial.
Caractéristiques du style
Le CHOY LI FUT est un style du sud de la Chine, descendant du Temple de Shaolin du FUKIEN. C’est un style de synthèse dans lequel on retrouve des éléments du Sud mais aussi du Nord. Réputé comme un style idéal pour former rapidement de très bons combattants, son étude repose essentiellement sur les formes (taos). Il y a plus de 110 formes, souvent très longues (entre 350 à 500 mouvements), chacune de ces formes développant un aspect particulier. Il existe par exemple des formes de travail au sac codifiées, une pour former la surface extérieures des poings, une pour former les tranchants, une pour les techniques de pieds, des formes de travail à deux, etc… Le principe du travail repose sur l’énergie cinétique, c’est la vitesse au moment de l’impact qui créé la puissance. La taille et les épaules sont la clé de ce travail, des formes de base spécifiques sont destinées à l’assouplissement de ces deux articulations. D’autres formes travaillées avec des poids développent la vitesse des bras. On dit que les bras travaillent selon les mouvements de la corde dardée (pas de force dans la corde et explosivité de la pointe). Les 2 courants possèdent de légères différences : Pour ce qui du courant Australien de CHAN YONG FA, le mouvement est continu et s’accélère progressivement, les taos comme Tuet Jin Kun ou N’Ying Kuen, par exemple démarrent sur un rythme dans la 1ère partie et accélèrent sur la 2ème. Cela créé un mouvement « tourbillon » difficile à suivre avec le regard. Le système de travail de l’école DOC FEI WONG est plus proche de celui du HUNG GAR avec des temps plus marqués.
Les 5 animaux
Les animaux ont toujours tenu une place prépondérante dans les arts martiaux chinois. Le Kung Fu CHOY LAY FUT fonde ses techniques sur 5 animaux principaux : le Dragon, le Tigre, le Léopard, la Grue et la Serpent. Les exercices ne se contentent pas de copier les gestes des animaux mais cherchent à établir des correspondances entre ceux-ci et la morphologie humaines.